La Modernité disputée. Textes offerts à Pierre-André Taguieff (ouvrage collectif publié par CNRS Éditions, mars 2020, 784 pages).

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95 auteurs en histoire, science politique, anthropologie, sociologie, philosophie, rhétorique, analyse du discours, théorie littéraire, histoire des idées, ont été mobilisés pour composer cet ensemble de textes remarquables sur des sujets variés.

Ces textes sont offerts à Pierre-André Taguieff, philosophe, politiste et historien des idées. Le sommaire, présentant les thèmes abordés par ordre alphabétique, rend compte de la variété de cet ensemble, qui offre un diagnostic de l’essentiel des problèmes contemporains. Ce volume exceptionnel a été codirigé par Annick Duraffour, agrégée de lettres modernes, professeur en classes préparatoires aux grandes écoles ; Philippe Gumplowicz, musicologue et professeur des Universités ; Grégoire Kauffmann, historien, enseignant à Sciences Po ; Isabelle de Mecquenem, professeur agrégée de philosophie, chargée de mission à la lutte contre le racisme et l’antisémitisme de l’Université de Reims ; Paul Zawadzki, maître de conférences en science politique à Paris I.

Pourquoi une telle entreprise ?

Tout simplement parce que ce que nous devons à Pierre-André Taguieff est considérable. Considérable pour mesurer, analyser, contextualiser et mettre en perspective historique des phénomènes complexes et évolutifs : le racisme, la judéophobie, l’antiracisme, le nationalisme, les populismes, les formes nouvelles du totalitarisme… L’historien des idées maîtrise les sujets, il possède les clés que sont le savoir et la rigueur scientifique. Il y ajoute toutes les analyses possibles et pertinentes, pour nous faire comprendre les tourments de notre monde, les peurs, l’irrationnalité, la violence, le fanatisme, les tentations extrémistes, les théories du complot.  Taguieff jette aussi un regard lucide sur les événements de notre histoire et les dérives du monde contemporain. Ce faisant, Taguieff est une vigie essentielle. Parce qu’il prévient, alerte et que son regard quelquefois incisif porte sur les lâchetés et les incohérences de notre temps.

Il est donc question dans ce volume de multiples thèmes et problèmes : antiracisme, antisémitisme, argumentation, complotisme, laïcité, mondialisation, multiculturalisme, national-socialisme, négationnisme,  féminisme, Frères musulmans et salafistes-djihadistes, non-violence, racisme, judéophobie, Shoah, République, sionisme. On y trouve aussi des études critiques passionnantes sur les philosophes Hannah Arendt et Emmanuel Levinas ou l’écrivain-pamphlétaire Céline. S’y ajoutent de nombreuses tribunes et des témoignages plus personnels, portant sur les travaux ou certains aspects de la biographie de Pierre-André Taguieff.

Les contributions sont signées par plusieurs historiens : Johann Chapoutot, Laurent Joly, Jacques Julliard, Henry Rousso, Michel Winock, Marc Lazar, Georges Bensoussan,  Simon Epstein, Marc Knobel ; des philosophes : Luc Ferry, Philippe Raynaud,  Pascal Bruckner, Elisabeth de Fontenay, Raphaël Enthoven, Rémi Brague, Alain Finkielkraut, Yves Charles Zarka ; des historiens des idées : Marcel Gauchet ou Marc Angenot ; des anthropologues : Jean-Luc Bonniol, Daniel Dayan ou Wiktor Stoczkowski ; des sociologues : Gérald Bronner, Nathalie Heinich, Günther Jikeli, Liliane Kandel ou Dominique Schnapper ; des psychologues sociaux, tel Pascal Wagner-Egger ; des démographes, telle Michèle Tribalat ; des politistes : Jean Leca, Pascal Perrineau, Laurent Bouvet, Gil Delannoi ou Gilles Kepel ; des musicologues : Philippe Gumplowicz ou Bruno Moysan ;  des linguistes et des spécialistes d’histoire littéraire comme Éric Marty, Ruth Amossy, Georges-Elia Sarfati, Yana Grinshpun, Jean Szlamowicz, Emmanuelle Danblon … Sans oublier l’écrivain  Boualem Sansal et la chanteuse Talila…

95 auteurs pour explorer un continent, celui du savoir, celui de la pensée de Pierre-André Taguieff, et saluer son courage intellectuel et sa clairvoyance. Je le dis ici, rares sont les chercheurs qui offrent autant d’outils conceptuels permettant de comprendre le monde moderne et d’en appréhender l’humanité comme l’inhumanité.

Marc Knobel