Franc Maçon et esprit de géométrie

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Mesurer, comparer pour choisir et décider ? Deux chemins ! 

1)Humaniste et politique 2) Symbolique et initiatique

Néanmoins un seul objectif :

Construire le Temple de l’Humanité

 

Contribution n° 1


... du DEVOIR « opératif »fermé... au DEVOIR « spéculatif » libéral.

 

 «  Nul n’entre ici s’il n’est géomètre » …

… dictait Platon… au fronton de son Académie…

   … 380 ans avant notre ère !

 Mesurer, comparer pour choisir et décider…

… fondent ce qu’il appelait « l’esprit de géométrie ».

Lui-même en usait :

Ne choisir que de jeunes élites de ce bois…

(dont Aristote)…

 … pour les conduire aux plus hautes fonctions dans la Cité…

…telle était sa ligne de conduite.

Puis  Euclide vint, et le premier en Grèce

Enseigna l’art du géomètre

Environ 300 ans avant notre ère.

Il nous laisse des livres importants…

… sur la géométrie plane… tels ses « Eléments »

… qu’il nomme de la « règle et du compas »  évidemment.

Il surgit en 1390… en maçonnerie…

… par l’intermédiaire d’un poème manuscrit…

… LE  REGIUS… … lequel encore nous guide…

… de par les STATUTS DE L’ART DE GÉOMÉTRIE SELON EUCLIDE….

Le Régius ?

C’est l’histoire de grands seigneurs et de  grandes dames…
…qui avaient beaucoup d'enfants…
… pour lesquels ils voulaient de bons métiers...

… contraignants en DEVOIRS …

…envers leurs compagnons, le seigneur, le maitre et la vierge Marie.

Ils convoquèrent, ce pourquoi, les plus savants des clercs…

… dont Euclide…

… afin de créer le métier de maçonnerie…

… de par la science de géométrie.
 

EXTRAITS

Ce grand clerc, Euclide, ordonna
A celui qui était plus élevé dans ce degré,
Qu'il devait enseigner les plus simples d'esprit
Pour être parfait en cet honnête métier;
Et ainsi ils doivent s'instruire l'un l'autre,
Et s'aimer ensemble… comme sœur et frère.

Il ordonna encore que
Maître doit-il être appelé;
Afin qu'il soit le plus honoré,

Mais jamais maçons ne doivent appeler un autre, 

Ni sujet ni serviteur… mon cher frère…
… Même s'il est moins parfait qu'un autre;

Chacun appellera les autres… compagnons, par amitié.

Euclide enseigna le métier de géométrie.
 Il fonda
les sept sciences;

Grammaire est la première, je le sais,
Dialectique la seconde, je m'en félicite,
Rhétorique la troisième sans conteste,
Musique la quatrième, je vous le dis,
Astronomie est la cinquième, par ma barbe,
Arithmétique la sixième, sans aucun doute,
Géométrie la septième, clôt la liste,
Car elle est humble et courtoise.

En vérité, la grammaire est la racine,
Chacun l'apprend par le livre;
Mais l'art dépasse ce niveau,

Comme le fruit de l'arbre vaut plus que la racine;
La Rhétorique mesure un langage soigné,
Et la Musique est un chant suave;
L'Astronomie dénombre, mon cher frère ;
L'Arithmétique montre qu'une chose est égale à une autre,
La Géométrie est la septième science,
Qui distingue le vrai du faux,

Fin de citation

Mes FF et mes SS…

A cette époque, le catholicisme romain cannibalise la maçonnerie opérative :

Impossible d’y échapper !  C’est l’esprit de l'époque… 

le Zeitgeist  philosophique allemandqui signifie « l’esprit du temps »…

… c’est-à-dire le climat intellectuel et culturel…

… les jugements et habitudes de pensée…

… que la vulgate temporelle et spirituelle impose à tous et partout.

Le conte-poème Régius participe évidemment de ce système culturel carcéral…

… en fixant les DEVOIRS  aussi bien intimes  que publics de chacun…

Exemples

 Celui qui voudrait connaître ce métier et l'embrasser,
doit bien aimer Dieu et la sainte église e
t son maître aussi.

Un maçon qui connaît bien son métier,
Qui voit son compagnon tailler une pierre,
Et qu'il est sur le point d'abîmer cette pierre,
Reprends-la lui aussitôt si tu le peux,
Et montre-lui comment la corriger
,
Avec de douces paroles nourris son amitié

Tu ne coucheras pas avec la femme de ton maître,
Ni de ton compagnon, en aucune manière,
Sous peine d'encourir le mépris du métier;
Ni avec la concubine de ton compagnon,
Pas plus que tu ne voudrais qu'il couche avec la tienne.

Cela dit, peu à peu, le métier de maçonnerie…

… va conférer à la science de géométrie…

…un statut de système de référence…

… comme étant une science à part…

… reliant l’idée à l’objet…

… le raisonnement à la forme…

… ce qui, par extension désignera toutes les démarches intellectuelles, morales et spirituelles…

            …et ouvrira ainsi la voie à notre maçonnerie spéculative !

 … Ainsi mes FF et mes SS…

…le maçon opératif, tel le géomètre, doit-il savoir  mesurer et comparer pour exécuter son plan de travail et toucher son salaire…

… le nez dans le guidon… car pas question d’édification philosophique d’un Temple de l’humanité, voué à la concorde et la justice…

... fruit de la lente maturation alchimique, culturelle et humaniste qu’est l’initiation maçonnique.

Il lui manque encore en effet le plus important…

… ce subtil alchimique enchantement surréaliste de chercheur d’or …

Car enfin…

… s’il suffisait de se constituer de vérités…

…bien propres sur elles…

… gazouillantes d’obéissances bien-pensantes…

… admirablement taillées…

… alignées et superposées à l’identique entre elles ?...

… tel le mur de Berlin ?

           

… Au bout du bout… ce Temple de l’Humanité…

… soi-disant pur et sans taches…

… symboliserait une société figée …

 … d’où Dionysos aurait été évincé…

… le désir castré…

… dans la parfaite harmonie de l’uniformité…

… d’où nait l’ennui… et le totalitarisme…

… dont celui du transhumanisme… aujourd’hui !

           

Quant à nous mes FF  et mes SS…

 …notre ailleurs est autre !

Chacun s’initie soi-même…

…. en cheminant cahin-caha…

… ici et là… où le pousse ses angoisses métaphysiques.

  Il se construit ainsi…

… d’autres aussi…

… formant un tout…

… à l‘image de ces longs murs de pierres sauvages…

… zébrant nos prairies montagnardes…

… ou bordant nos chemins vicinaux…

… création d’imaginations fécondes…

… adossées à de savoir-faire immémoriaux…

… de force, sagesse et beauté…

… et non de Raison pure…

Car l’apriori, le Zeitgeist, le choc émotionnel fondent le désir…

… celui du compagnon…

… qui vaque par la tangente…

… à la recherche de l’or du Temps…

… Kant, Lautréamont, André Breton dans l’havre-sac…

… et Pascal… « Il ne faut pas dormir ! »

Alors, l’esprit de géométrie… spéculatif ?

Certes… nul n’entre ici s’il n’est géomètre…

… mais… nul n’y reste s’il n’est que géomètre !

… car, sur le Forum… dans la Cité (la polis d’Aristote)…

…au franc-maçon, animal politique …

… (Comme tout être humain !)…

…s’impose le DEVOIR de  PAROLE…

…pour distiller au dehors…

…l’esprit de géométrie…

… mûri au-dedans !

 

Contribution n°2

 L’Académie de Platon, était un lieu de formation spirituelle de l’homme

 La tradition philosophique qui affirme que Platon écrivit cette phrase « Que nul n’entre ici s’il n’est géomètre » au fronton de son « Académie », n’insiste pas assez sur l’idée que se faisait ce célèbre philosophe du mot « géométrie ».   

            Le sens du mot « géométrie » employé par Platon n’est évidemment plus tout à fait le même après 2500 ans. En tant que « science et art », le but de la géométrie de Platon, était de tracer les figures, de relier les lignes, de mesurer les distances et concevoir les formes idéales. Il est donc évident que la géométrie dont parle Platon n’est pas ce chapitre du cours de mathématiques enseigné à notre époque au collège. Il s’agit d’une science sacrée : celle des « idées et des formes ».

            Les « idées pures » sont des essences divines existant éternellement dans le monde céleste, tandis que les « formes » sont les corps visibles de notre monde matériel. Chaque objet de notre bas-monde, pensaient Socrate et Platon, sont les représentations imparfaites des idées pures et parfaites qui existent éternellement dans le monde spirituel.

            Elles s’incarnent et prennent corps sous les multiples formes des objets cosmiques et terrestres visibles du monde sensible et matériel. Toutes choses du monde sensible sont des formes, sortes de figures géométriques tracées par la main des dieux et destinées à être les réceptacles de leurs « idées pures » et des « archétypes » célestes. Telle était la doctrine qu’enseignait Platon, et avant lui, son Maître Socrate.

            Ancêtre de la géométrie moderne, la géométrie de Platon était donc exclusivement une science spirituelle dont la finalité n’était pas de former les étudiants à l’esprit mathématique, ni aux méthodes de mesures quantitatives, mais plutôt à ouvrir leurs intuitions à l’appréhension des réalités spirituelles et à leur rendre intelligibles les lois de la création métaphysique du cosmos et la terre, ces espaces où se déploient les « formes », c’est-à-dire, les corps physiques de notre bas-monde.       

            L’Académie de Platon était par conséquent une école initiatique, un lieu de formation de l’esprit humain à la compréhension des relations existant entre le monde supérieur des archétypes et le monde inférieur terrestre des objets matériels accessibles aux sens.

            Cette formation conférait aux étudiants l’aptitude mentale et psychique permettant à l’esprit humain de passer du monde matériel des pensées imparfaites découlant des « Sens », à celui des pensées pures et parfaites capables de s’élever aux « Arts » et aux « Sciences » célestes, tels les prisonniers de la Caverne de Socrate qui, une fois libérés de l’illusion des sens, parviennent à voir la lumière du soleil et donc à distinguer la vraie « réalité » des choses.

            En ce sens, Platon ne faisait qu’institutionnaliser le système informel de la formation intellectuelle et spirituelle lancée par son Maitre Socrate. C’est en Egypte, dans les Temples de Thèbes, grande métropole religieuse, que semble-t-il, Platon avait pris conscience de l’importance de « l’esprit de géométrie » comme préalable à toute formation initiatique.

            En effet, la construction des pyramides, avant d’être un art de bâtisseurs de monuments, était d’abord une œuvre de géométrie, c’est-à-dire, une œuvre de la pensée. Tout comme l’entrée dans le Temple n’est permise qu’aux initiés, l’entrée dans l’Académie de Platon n’est accessible qu’à ceux qui ont « l’esprit de géométrie » selon le mot de Blaise Pascal, qui semble avoir bien compris la véritable intention de Platon.

            Que nul n’entre ici s’il n’a point l’aptitude à réfléchir : on dit aujourd’hui dans les loges maçonniques : Que nul n’entre ici s’il n’a point l’aptitude à méditer.

            N’exige-t-on pas du profane qui se destine à l’initiation, de passer d’abord par le Cabinet de Réflexion pour prouver son « esprit de géométrie » ? Que nul n’entre ici s’il n’a point l’aptitude à méditer sur les idées pures et les réalités du monde immatériel et supérieur. En ce sens, on peut affirmer sans trop se tromper, que Platon est le père du symbolisme en tant que démarche intellectuelle utilisant les formes géométriques, c’est-à-dire des symboles, pour enseigner et rendre intelligibles à l’esprit humain, les idées archétypales et les phénomènes du monde invisible.

            La formule de Platon est donc avant tout, une devise, un critère de sélection et non pas un précepte discriminatoire, elle résonne à la fois comme une invitation à ceux qui veulent s’élever à la connaissance des idées pures, et comme un avertissement nécessaire aux étudiants inaptes à l’initiation, afin qu’ils ne viennent pas perdre leur temps à l’Académie.

Le Grand Architecte de l’Univers est aussi le Grand Géomètre

            Quelques siècles après Platon, les gnostiques iront plus loin en parlant de « géométrie sacrée » et en désignant Dieu le créateur des cieux et de la terre par l’attribut de « Grand Géomètre ». Tout comme Platon, les gnostiques avaient aussi créé des Ecoles initiatiques dans la même intention et logique de pensée que l’illustre philosophe grec. C’est à peu près à cette époque qu’apparait l’expression « Grand Architecte de l’Univers » entendue comme un synonyme du mot « Grand Géomètre », comme le rappelle Blaise Pascal qui désignait explicitement Dieu par ce terme, ou comme Voltaire qui appellait Dieu « l’éternel Géomètre ».

            Tout architecte est d’abord un excellent géomètre, cela va sans dire. En effet, le plan d’une cathédrale, comme le plan de toute œuvre d’architecture est un ensemble de formes ou de figures, conçus dans l’esprit de l’architecte, et qui par le « travail » ou « Art de la construction », se matérialisera en monument physique.

            De même, si l’Homme est le symbole d’une forme appelée « corps humain », sa création en tant qu’être humain a suivi exactement le même processus dans l’Esprit du Grand Architecte de l’Univers.

            Reprenant cette conception des mystères de la création, les Hermétistes, les Alchimistes et les Kabbalistes, développeront tour à tour, leurs enseignements initiatiques en partant du principe qu’il existe une analogie entre les puissances créatrices du Géomètre (Homme) et celles du Grand Géomètre.

            Au-delà de leurs différences, ces écoles enseignaient que le Grand Architecte est une Lumière, une Energie cosmique qui investit les formes (humaines, animales, végétales) et animait toute forme visible, tout comme Socrate et Platon enseignaient que les idées pures descendaient du monde des archétypes pour devenir des pensées intelligibles dans l’intellect humain, ou sublimer les formes matérielles du monde sensible.

            Leur doctrine centrale tourne autour d’une même idée : l’Homme est capable de déployer l’Art de manier la Règle, l’Equerre et le Compas confère l’aptitude mentale et psychique les pouvoirs divins à la base de la création des cieux et de la terre : ces outils maniés dans un esprit géométrique approprié permettent de « tracer » des formes géométriques (mentales) harmonieuses et capables de capturer les énergies spirituelles (les idées pures) éparses dans l’univers, de les rassembler et de les unir dans cette forme, autrement dit, de lui donner vie, force et puissance. C’est en cela que la géométrie de Platon est une science initiatique.

            Sans doute qu’en privilégiant l’expression « Grand Architecte », les écoles gnostiques ont voulu mettre en exergue la fonction de constructeur du Géomètre divin, dès lors que leur enseignement ésotérique, originaire d’Egypte, plaçait le symbolisme de la construction du temple humain et du temple céleste au cœur de la transmission initiatique.

            L’initié gnostique est à même de créer des formes mentales selon les lois de l’art de la construction géométrique. C’est en cela que la symbolique maçonnique démontre clairement que la Franc-Maçonnerie moderne est l’héritière des anciennes écoles gnostiques, mais aussi l’héritière de Platon, le père du symbolisme géométrique.

Le Franc-Maçon est aussi un géomètre et un constructeur de temple

            Être « géomètre », c’est savoir manier l’Equerre, le Compas et la Règle. Ces instruments, notamment, l’Equerre et le Compas, sont essentiellement les outils immatériels de la géométrie sacrée enseignée dans toutes les écoles d’initiation depuis Platon.

            Sans le savoir, les Francs-Maçons sont les élèves de Platon. La géométrie est le nom par lequel Platon désignait le « travail maçonnique » que le Franc-Maçon est appelé à pratiquer sur son âme, son intellect, sa personnalité, afin de construire son temple intérieur, ce Réceptacle de la Lumière qui luit à l’Orient de la loge.

            Cette construction ne peut se faire de manière juste et parfaite que si elle suit rigoureusement les règles de l’art maçonnique transmise secrètement à travers nos rituels initiatiques. Ce thème est au cœur de l’initiation du Compagnon Franc-Maçon.

            Les ancêtres Grecs et les gnostiques connaissaient donc le symbolisme de la Règle, de l’Equerre et du  Compas : autant ces instruments permettent de concevoir un plan de construction, de tracer harmonieusement les formes ou de mesurer, autant ils servent de support méditatif pour  deviner et comprendre les mystères de l’âme, et les mystères de la construction des cieux et de la terre, notamment, le monde céleste du soleil de la lune et des astres, ainsi que le monde invisible des archétypes ou idées pures issues de la pensée créatrice des dieux.

            La Franc-maçonnerie spéculative remonterait-elle donc à Platon ? Vraisemblablement, oui : tout ce qui vient d’être dit le prouve. Le Maçon spéculatif, c’est le Maçon de l’intellect, qui construit par sa pensée et ses qualités morales, des formes mentales selon la Science de la géométrie et l’Art de la construction, afin de construire son propre temple et celui de l’humanité, en s’inspirant des proportions « pures et parfaites » du Temple céleste, conçu par le Grand Architecte de l’Univers.

            L’Equerre, le Compas, le Maillet ou la Truelle, la Pierre Brute, en un mot, tous les outils de la maçonnerie spéculative, sont immatérielles et relèvent essentiellement de l’art de la construction spirituelle.

            Une « planche » maçonnique est appelée « morceau d’architecture », pour signifier que l’œuvre de construction à laquelle se livre le Franc-Maçon est une œuvre intellectuelle, mentale voire psychique.

            C’est en cela que le Franc-Maçon est un Géomètre. C’est précisément et uniquement de cette géométrie-là que se réfère la fameuse phrase de Platon, celle qui est un « Art » de la pensée, qui élève l’esprit à la compréhension des lois métaphysiques qui régissent les rapports entre l’Homme et l’univers.