La martingale de Nicolas Sarkozy

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La martingale de Nicolas Sarkozy

Le ministre de l’Intérieur, candidat autoproclamé à l’Elysée, croit tenir la martingale qui résoudra le double problème du communautarisme et de la laïcité. Je dis double problème car communautarisme et laïcité sont intimement liés par la montée constante des revendications venues de groupes structurés et crispés sur des identités culturelle, cultuelle et parfois ethnique.

Toute religion s’appuie d’abord sur l’ignorance, l’humilité, la confiance aveugle et la vénération. La Raison y a peu à voir (n’est-ce-pas Benoît) même quand de savants sophismes et d’extravagants exposés appellent au secours des arguments fondés sur l’ignorance et l’irrationnel… N’est-il pas évident qu’à se laisser séduire et embrigader par un système et une doctrine transcendantale, on court le risque, non négligeable, de tout interpréter de façon doctrinaire en fonction précisément de ce système, ce qui mène souvent à la fermeture et aussi à la brutalité. Il n’est pas rare que ces attitudes introduisent l’idée (parfois confuse, mais pas toujours) d’un déterminisme culturel (je suis d’Occident, je suis de la tribu X, je suis d’Orient). Seule la laïcité, grâce à la loi de séparation de 1905, offre les conditions nécessaires sinon suffisantes au déroulement d’une vie de liberté intellectuelle et religieuse, qui porte en puissance la liberté de se construire soi-même. Dans Siegfried, Wotan déclare « l’homme libre se construit lui-même, ceux que je crée sont des esclaves ». Il faut défendre la loi de 1905.

Nicolas n’aime pas la laïcité, il en a peur, c’est une machine contraire sur son chemin érigée en protection de son bonapartisme et de sa fascination pour le communautarisme et la discrimination positive à la française. En s’offrant, via la commission Machalon, un faux nez pour ouvrir une piste vers la démolition de la loi de séparation (et soyons sûrs qu’il la démolira s’il est élu), son truc serait de restaurer le gallicanisme, doctrine qui servait à tenir plus ou moins en laisse l’ultramontanisme, sous l’ancien régime et les deux empires (concordat). Il y a toutefois un problème : à la différence de l’Eglise, l’islam n’a pas de hiérarchie avérée apte à négocier. Voilà pourquoi Sarkozy traite avec des groupes tels que l’UOIF mélangeant d’un même mouvement profane et religieux dans un pot-au-noir singulier et fumeux. « Observer les mouvements du vêtement ne donne que des indications imparfaites sur le squelette. ». Le ministre devrait méditer ce mot, mais en réalité il instrumentalise mais ne maîtrise pas. Il est prêt à brader la laïcité, notre irremplaçable philosophie de l’accueil, du respect et de la tolérance, et ce faisant, il ne peut et il ne fait que s’appuyer sur les ennemis jurés de la laïcité, ceux qui précisément rêvent de communautés obsidionales tournées vers un intégrisme crétin et violent.

    Monsieur Sarkozy est un fauteur de trouble, combattons-le.