Le transhumanisme Des réponses & des questions

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Histoire de l’humanité

L’histoire de l’humanité et son évolution se comprennent avec le temps : le temps d’hier, très long, et le temps d’aujourd’hui, court, très court.

Parvenu à ce stade de la révolution scientifique, la fin de l’histoire de l’homo sapiens approche-t-elle ? Pour laisser place à quelque chose de totalement différent ?

Le transhumanisme, dont nous allons parler, n’est pas une abstraction, une histoire de science-fiction ; il a déjà commencé à façonner l’humanité, discrètement, depuis longtemps. Peut-être que cela ne s’appelait pas Transhumanisme, mais autrement.

Non, il n’y avait pas rien, il y a 4,5 milliards d’années, la matière, l’énergie, les atomes et les molécules, le temps et l’espace étaient présents ; puis il y a 3,8 milliards d’années, les organismes et les premières manifestations de la biologie sont apparues.

Depuis 2,5 millions d’années, l’évolution du genre Homo (l’homme), avec Néandertal, Erectus et d’autres, aboutit à notre espèce, Sapiens, il y a 200.000 années.

3 révolutions importantes marquent le cours de l’histoire récente :

-    La révolution cognitive (il y a 70.000 ans), c’est l’émergence du langage fictif,

-    La révolution agricole (il y a 12.000 ans), c’est la domestication des plantes et des animaux,

-    La révolution scientifique (il y a 500 ans) et la révolution industrielle il y a 200 ans.

D’un temps extrêmement long (en milliards, millions, dizaines de milliers d’années, nous sommes aujourd’hui dans un temps de centaines, plutôt de dizaines d’années. Il y a une accélération du temps qui est prodigieuse, et qui impacte l’évolution de l’espèce.

  

Les origines du transhumanisme

Le transhumanisme c’est l’espoir de la concrétisation du rêve de dépassement des hommes. Ses racines plongent dans la pensée sur l’immortalité et l’amélioration de la race humaine, de la Grèce antique à nos jours, en passant par Descartes, Condorcet.

C’est un courant de pensée philosophique, scientiste, technophile, matérialiste, et mélioriste. Le transhumanisme vise à l’amélioration des performances physiques et mentales, pour l’avènement d’un être vivant de nouvelle génération. Il considère que l’évolution de l’espèce humaine passe par une hybridation techno-biologique.

C’est une recherche hyper individualiste et libérale de satisfaction des intérêts individuels.

Le transhumanisme substitue au destin naturel un processus artificiel. C’est une doctrine de la finalité de l’aventure humaine, une certaine conception de l’homme et de l’idée de progrès, qui se conçoit en 3 phases : l’homme amélioré, l’homme augmenté, un être hydride. Il marque une rupture dans l’évolution avec la remise en cause de l’humanité dans l’homme, et des fondements de la société.

Les buts poursuivis

Pour l’association française transhumaniste, il s’agit :

a) de lutter contre la souffrance, la maladie, le vieillissement, la mort

b) de développer nos capacités physiques, mentales et sensorielles ; accéder de façon plus complète aux possibilités du cerveau

c) de contrecarrer les inégalités de la nature tout en affichant des objectifs « égalitaire et démocratique » en laissant le choix :

- entre la santé artificielle ou la maladie naturelle

- entre jouir d’un cerveau normal ou d’une intelligence augmentée.

Pour les transhumanistes, la vie, comme la mort, sont des questions techniques qui appellent des réponses techniques (avec la biologie de synthèse, les cellules souches,  les prothèses, les exosquelettes, les implants cérébraux, la numérisation de la mémoire, l’intelligence artificielle, etc…)

Le projet

s’appuie sur la convergence des NBIC.

NBIC - Les Nanotechnologies (un nanomètre est égal à 1 milliardième de mètre ; un millimètre se compose de 1 million de nanomètres). Les laboratoires travaillent à cette échelle en particulier en génétique.

NBIC - Les Biotechnologies permettent aujourd’hui - le séquençage complet du génome humain, - le travail sur les gènes et la possibilité de choisir, de corriger les caractéristiques physiques ou mentales d’un individu.

NBIC - L’Informatique, connaît des progrès spectaculaires, la puissance de calcul est en progression exponentielle. (en 1950, mille opérations par seconde, aujourd’hui environ un milliard de milliard d’opérations par seconde). Cette puissance de traitement permet de spectaculaires progrès en génétique. (Séquençage du génome nécessite de travailler sur des milliards d’informations).

NBIC – les sciences Cognitives ; les neurosciences sont en plein essor ;  l’Intelligence artificielle se développe à vitesse exponentielle, tout cela encore grâce à la puissance de calcul.

C’est la convergence de ces technologies qui permet leur développement simultané.

Enjeux économiques et moyens financiers

Les GAFA (Google, Amazon, Facebook, Apple), plus IBM et Microsoft, côté occidental pèsent plus lourds que de nombreux états, et possèdent la matière première du XXIe siècle : les données, les data.

Ces multinationales se sont engouffrées dans cette économie monopolisée et sans contrôle. Nous assistons à la financiarisation des universités, des laboratoires ; ce sont des milliards de $ investis dans l’intelligence artificielle et la génomique.

Google consent de lourds investissements dans la génomique et le vieillissement, avec le projet Calico qui vise à tuer la mort ; Ray Kurzweil, le pape du transhumanisme, directeur de la Singularity University estime que dans une petite trentaine d’années, l’intelligence artificielle sera supérieure à celle de l’homme. (La singularité c’est le moment où l’homme sera dépassé par l’intelligence artificielle.)

Google est aussi un des leaders dans les neurotechnologies avec le projet de nanorobots intracérébraux branchés sur les neurones, en connexion directe à internet. L’interfaçage Intelligence artificielle / cerveau est en vue.

La Chine, qui ambitionne de doter le chinois d’un QI supérieur à 160, possède les sociétés équivalentes avec Baidu et Pangasu (moteurs de recherche identique à Google), Alibaba (idem Amazon). Tencent (internet).

Les entreprises s’engouffrent dans l’innovation tous azimuts ; tout cela vise à mettre l’humanité en phase avec les machines.

Cette économie s’inscrit dans les changements qui régissent le monde, comme les nouveaux traités internationaux (CETA, TAFTA) qui s’affranchissent des juridictions nationales au profit d’une justice des multinationales.

Des possibilités des technologies aux propositions transhumanistes

On peut essayer de classer les applications des NBIC sur l’homme, en 2 catégories.

  1. Les applications de la médecine et de la biologie
  2. Les applications de l’intelligence artificielle

Dans les domaines de la médecine et de la biologie, c’est essentiellement tout ce qui touche aux manipulations génétiques, au séquençage ADN, à la pratique de thérapies adaptées, avec par exemple CRISPERCAS 9, le sécateur d’ADN, qui permet les manipulations embryonnaires du génome humain.

La reproduction

Pour les transhumanistes, la naissance est hasardeuse et traduit donc une faiblesse.

Avec l’ectogénèse, l’incubation du fœtus hors du corps de la mère, il n’y a plus de grossesse handicapante, et moins de risques.

Avec la possibilité de modifications génétiques, le remplacement des mitochondries (bactérie) permet au nouveau-né d’être doté du bon patrimoine qui lui évitera certaines maladies : la reproduction de l’humanité passerait donc de la procréation naturelle au clonage, avec le risque de passer de l’enfant sans risques à l’enfant parfait.

L’utilisation des cellules souches IPS reprogrammées pour donner d’autres cellules, permet la reproduction continue des organes, et de bloquer le mécanisme de la télomérase, enzyme qui raccourcit les chromosomes, et est responsable de la dégénérescence.

Le projet Human Genome Project Write vise à créer un génome humain entièrement nouveau permettant de générer des cellules humaines et de créer des bébés sans parents ; le transhumanisme s’autorise toutes les transgressions biotechnologiques.  

Le diagnostic médical va évoluer avec la génomique, les neurosciences, et les objets connectés. L’analyse biologique d’une tumeur porte sur 20.000 milliards d’informations. Seul un système informatique peut l’analyser, impossible pour un humain. Les médecins de demain dépendront des machines qui feront les diagnostics.

La pratique du DPNI (diagnostic prénatal non invasif) offre aujourd’hui la possibilité de détecter la trisomie 21 et quelques maladies ; demain ce sera la détection de nombreuses maladies potentielles.

La maladie et le handicap sont insupportables, le corps doit être réparé. Plus généralement, la demande de bien-être veut être satisfaite. Mais là encore on peut passer du maintien à l’augmentation des performances.

Vivre mille ans ?

L’idée de repousser la mort n’est pas saugrenue ; elle n’est que la conséquence de la détérioration de la machinerie cellulaire. Quelques transhumanistes fondent des espoirs (délirants) dans la méduse Turritopsis Dohrnii dont le cycle de vie est un cercle se régénérant.

Il faut donc euthanasier la mort avec l’utilisation de l’ingénierie du vivant, des thérapies géniques, des cellules souches, des nanorobots. La mort est une maladie comme les autres.

Avant même la naissance, il sera possible de savoir quelles sont les maladies qui seront développées, et à quelle période de la vie. D’une médecine thérapeutique et réparatrice, qui soigne, dont les coûts les plus importants sont concentrés sur le 3e ou 4e âge, on passera à une médecine prédictive, préventive, personnalisée, et participative. Les dépenses de santé concerneront principalement les premières années de l’existence.

2 Les applications de l’intelligence artificielle

Le BGI chinois (Beijing Genomics Institue) travaille sur la fécondation in vitro des gènes au QI>160, pour faire de super petits chinois dominateurs.

Puisque l’humain sera dépassé par l’Intelligence artificielle, alors l’hybridation de l’homme sera nécessaire pour ne pas être dépassé. Kurzweil estime que Google répondra prochainement à vos questions avant que vous ne vous les posiez. À condition d’avoir les bonnes puces implantées dans le cerveau !

La vision transhumaniste, c’est aussi la disparition du langage au profit de l’échange sous forme télépathique, mécanique, informatique. Plus besoin de parler, place à la télétransmission !

Cet être transhumain évoque la galère de Thésée dont on change progressivement les vieilles pièces : est-elle toujours la même ou une autre ?

Avec des implants cérébraux (ordinateurs dans le cerveau), de nouvelles caractéristiques, de nouvelles possibilités, l’homme est-il encore un homme ?

Plusieurs niveaux d’intelligence artificielle peuvent être envisagés :

Une Intelligence artificielle forte, avec des machines qui pensent, qui raisonnent, qui se construisent, qui s’améliorent, et pourquoi pas, qui se reproduisent ?!

Ou une Intelligence artificielle faible, des simulateurs, des  systèmes destinés à résoudre des problèmes techniques ?

Ce n’est qu’une question de calendrier et de choix. Que choisiront les hommes ?

L’Intelligence artificielle pourra être pacifique : des machines limitées à exécuter, à émettre et recevoir !

Ou une Intelligence artificielle potentiellement hostile, capable de tromper, de dominer, de dissimuler, et de déployer des stratégies manipulatrices.

Dès 2045, certains estiment que la mémoire et la conscience seront transférables sur des microprocesseurs ; c’est une autre piste pour survivre à la mort biologique.

Le futur aura-t-il encore besoin de nous ?

Qui pourra s’opposer à cette offre du transhumanisme ? Chacun adhérera, car chacun préférera la santé à la maladie, la jeunesse à la vieillesse, le bonheur à la souffrance, la vie à la mort.

Illustration sonore : Pink Floyd Welcome to the machine

Le transhumanisme, est-ce crédible ?

La France est en 2018 la 6e puissance mondiale (pour le moment), mais,

-          il y a pénurie de médecins généralistes, des délais invraisemblables pour obtenir un rendez-vous avec un médecin spécialiste,

-          des remboursements de soins qui empêchent une partie importante de la population d’avoir accès aux soins,

-          un développement des inégalités en France et dans le monde comme jamais dans l’histoire,

-          quelques riches, très riches et des milliards de pauvres.

Alors,

- tous en bonne santé, pour très longtemps, voire quasi immortels,

- tous intelligents, très intelligents,

- tous puissants, de plus en plus, tous augmentés, est-ce crédible ?

Tous, certainement pas, quelques-uns, pourquoi pas ?

Quels sont les risques ?

Les Transhumanistes considèrent que l’homme est un être autonome qui décidera seul s’il veut être modifié ; il n’y a aucun scrupule pour utiliser toutes les possibilités offertes par la science, toute transgression est permise.

C’est la reprise en main de son destin par l’homme : il n’appartient à personne, qu’à lui-même, il décide seul des modifications qu’il souhaite pour son corps, son cerveau, son Adn.

La banalisation de l’ambition d’améliorer l’espèce humaine, pour ceux qui en auront les moyens, s’installe. Mais l’humain imparfait, sera-t-il toléré ?, ou sera-t-il interdit ?, ou réduit à un nouvel esclavage ?

Nous pouvons avoir deux lectures du transhumanisme :

- un transhumanisme minimal, une sorte d’eugénisme négatif, qui rectifie les handicaps, fait naître des individus viables, avec des atouts communs à tous,

- ou un transhumanisme extrême, un eugénisme positif, qui fabrique des humains selon des modèles, des normes et des critères définis.

Risques sur le vivant

Il y a une volonté d’en finir avec le hasard ; l’homme nouveau sera sur mesure, mais  pour remplir quel rôle ?

Avec le clonage reproductif, on s’achemine vers la fabrication d’humains « parfaits ».

C’est la fin des notions d’aventure, de finitude et de liberté ; la recherche de la perfection n’a plus de sens (la perfectibilité de l’homme est atteinte). Supprimer les aléas de la vie, c’est transformer la nature même de l’homme.

Une conception mécaniste du vivant (la réparation des organes défaillants) poussée à l’extrême, annihile la spécificité de l’être humain : quelle est la signification de la maladie, de la vulnérabilité ? C’est l’évacuation de l’humain, la non prise en compte du ressentiment humain, l’absence d’échanges.

Une vie (de mortel) se vit par l’accomplissement d’œuvres, alors qu’une vie d’immortel est une vie de machine. Les corps seront indissociables de leurs appareillages.

L’immortalité équivaut à tuer le désir : Il n’y a désir que parce qu’il y a le temps qui l’exacerbe. Et vouloir réparer les injustices de la vie, c’est un rêve d’égalitarisme accompli par l’égalité génétique.

Risque sur la conscience et la liberté

Avec des implants électroniques dans le cerveau, Bienvenue à la neuromanipulation, au neurohacking, à la neurodictature. C’est le risque d’un coup d’État numérique. Imaginez Hitler ou d’autres avec les NBIC à disposition !

La fusion de l’homme avec l’Intelligence artificielle, c’est le suicide de l’homme version 1.0 pour laisser place à un homme version 2.0. Plus de part d’indétermination, plus de hasard, plus d’humain, mais place à la programmation, à l’algorythme : un monde de sécurité, pas d’écart, pas de hasard, pas de libre-arbitre.

L’Intelligence artificielle dépossède l’homme de sa capacité à décider de son destin, lui fait perdre l’initiative de son existence, le relègue au rang de singe savant ? même pas ! ce sont les puces (de l’homme, pas du singe) qui sont savantes.

Risque sur la Société

Un risque réel réside dans la compétition entre hommes, entre pays (USA, Chine,…), un risque qui apparaît dans un désert législatif et réglementaire national, et international.

Les multinationales détiennent le pouvoir politique et économique ; les nouveaux grands traités) organisent le transfert du pouvoir au monde des affaires, qui prime sur le champ des politiques : la loi du marché, la technologie, l’économie, la finance font loi.

Les liens sont avérés entre transhumanisme et la privatisation, la dérégulation générales du monde. (c’est l’Ubérisation du monde)

Face à cet individualisme absolu, un gouvernement mondial présenterait aussi un danger de dérapage totalitaire (avec l’utilisation des neurosciences). Faut-il un Comité d’éthique pour les NBIC ? sans doute aussi inefficace et obsolète face aux appétits de certains pays.

Les premières applications du transhumanisme créeront plusieurs humanités, dont une dominante. Nous serons en marche, vers une humanité élargie, plurielle, avec différents degrés d’hybridation entre le biologique et les machines.

Les évolutions sociétales seront considérables: l’accroissement de la population, des effets sur le travail, le logement, la nourriture, les transports, les loisirs…

Les décisions économiques ne relèvent plus d’un choix, d’une initiative de l’homme mais d’une modélisation de données : l’algorithme a remplacé la vision du futur produite par l’homme.

Le transhumanisme promet égalité et démocratie ; il permettrait une distribution équitable des biens et services (plus de différences de capacités intellectuelles entre hommes augmentés, donc fin de la justification de revenus différents).

Après les réponses du transhumanisme, la seule question des humanistes, c’est celle de l’avenir de l’humanité

Doit-on craindre un « meilleur des mondes » ? Car on ne voit jamais venir les révolutions technologiques et les changements importants : le transhumanisme et la posthumanité semblent loin. Et pourtant, les plus grands savants ont affirmé : - en 1932, que l’homme ne pourrait jamais aller dans la lune, - en 1956, on précisait que ce n’était qu’illusion, et pourtant Gagarine l’a fait 5 ans plus tard en 1961 ; en 1970 Jacques Monot, prix Nobel de médecine, affirmait que manipuler le génome était impossible au regard de l’échelle microscopique et il y a 30 ans, les plus grands biologistes affirmaient qu’il faudrait attendre l’an 2500 pour séquencer la totalité de nos chromosomes, ce qui fut réalisé en 2003.

Après les idéologies totalitaires, brunes, noires ou rouges, le relais est pris par les NBIC qui proposent un autre monde dans lequel les humains se rapprocheraient de la perfection (qui reste à définir !) par des transformations plus ou moins invasives.

Si la science prime sur la morale et sur l’éthique, cela revient à subir la loi du transhumanisme ; sinon, il y a prise en compte du bien-vivre humain ; c’est-à-dire décider par soi-même, plutôt qu’une inféodation de nos vies à la technologie.

Les transhumanistes voient très loin. Les six scénarios modélisés par les astrophysiciens conduisent tous à la mort de l’univers. Donc, la perspective d’améliorer l’univers ou même de le rendre immortel séduit les transhumanistes. Après la mort de la mort, il faut combattre la mort de l’univers, en le rendant immortel ou substituable.

Toute la question du sens de la vie, du bien et du mal, de l’humanité, de la science, se pose si toute trace de la civilisation est vouée à la disparition.

Les droits de l’homme se comprennent s’il y a une humanité commune, et pas plusieurs. Après la fracture sociale, la fracture numérique, voici la fracture transhumaine.

Le transhumanisme se nourrit de la fatigue des humains à être eux-mêmes, et induit que l’humanité est une espèce faible, ratée, donc à remplacer.

L’homme transhumain est un vrai self made man, doté de capacités supérieures, rentable, compétitif, individualiste : c’est la liberté d’être augmenté. Le transhumanisme s’éloigne de l’humanisme qui place l’homme au centre, et reconnait la place de l’autre.

Le transhumanisme ne tient pas compte du temps de l’évolution de l’homme et de la très lente modification du génome humain. Le transhumanisme annonce la disparition de l’espèce humaine traditionnelle.

L’aventure humaine, c’est audace et prudence, improvisation et prévoyance, folie et sagesse, c’est l’adaptation permanente. Pour les transhumanistes, la dignité consiste à éviter souffrance, humiliation, vieillesse et mort ; être un être achevé, tout simplement.

Alors que la grandeur humaine est d’affronter ces épreuves et de les traverser, d’être un être en devenir.

La mort fait partie de l’économie du vivant : il faut que certaines cellules, certains membres meurent pour que d’autres se renforcent ou surviennent. Croire à la panacée génétique est une erreur : le gène fait partie d’un tout. Il ne faut pas confondre génotype et phénotype en un même facteur de croissance. C’est tout le champ de travail de l’épigénétique.

À propos de l’intelligence artificielle, il en est de même : il ne faut pas confondre cerveau, raisonnement, conscience, émotion, sensibilité, imagination, avec archivage, classement, synthèse, algorithme.

Le transhumanisme tuera-t-il l’humanisme ? L’évolution de l’humanité est continue, mais quelles réponses apporter au plan politique, social, économique, éthique, moral ? C’est tout l’enjeu de notre réflexion maçonnique face au plus profond bouleversement de l’humanité attendu pour les prochaines années.

Le transhumanisme propose à l’individu de choisir seul en faisant abstraction de la société : c’est l’individualisme élevé au rang de nouvelle et absolue règle, et donc de la non prise en considération des règles sociétales, une ubérisation générale (Airbnb, Blablacar, et des centaines d’autres), c’est le retour à la loi de la jungle !

Chacun fait ce qu’il veut, sans tenir compte de l’autre. Sommes-nous à l’aube d’une nouvelle organisation du monde ? Qui est le Grand Architecte qui tire les ficelles ?

Le champ de notre réflexion maçonnique doit porter sur les biotechnologies, sur l’intelligence artificielle, sur les modifications de l’être humain, sur les impacts économiques et sociétaux, sur les choix des autres pays, vastes chantiers !

Faut-il rendre l’humain meilleur, c’est-à-dire plus humain ou faut-il passer à autre chose, un homme plus plus, qui ne sera plus un homme ? et pour aller où ?

L’humanité vaut bien une messe, pour le temps présent.

J’ai dit.

Illustration sonore : Une messe pour le temps présent

Indications bibliographiques :

-      Sapiens Une brève histoire de l’humanité, Yuval Noah Harari, Albin Michel, 2015

-      Les robots font-ils l’amour ? Le transhumanisme en 12 questions, Laurent Alexandre, Jean-Michel Besnier, Dunod, 2016

-      Le transhumanisme est un intégrisme, Mathieu Terence, Les éditions du Cerf, 2016

-      La révolution transhumaniste, Luc Ferry, J’ai lu, 2016

-      Transhumanisme et humanisme, Humanisme n° 316, Août 2017

-      La mort de la mort, Laurent Alexandre, JC Lattès, 2011

-      Transhumanisme, L’encyclopédie philosophique, volume 29, Luc Ferry, Plon, 2017

-      Les rencontres de la franc-maçonnerie lyonnaise, 30 mai 2015, Lyon

-      Quel humain pour demain ? Journal de la Grande Loge de France, n° 114, juillet 2014

-      Hommes et robots, les défis éthiques et humanistes d’un partenariat annoncé, Journal de la Grande Loge de France, n° 114, juillet 2014

-      Le transhumanisme est-il encore un humanisme ?, Mutuelle et santé, n° 87, septembre 2015

-      Transhumanisme, intelligence artificielle, clonage… Vers l’avenir radieux ?, Mutuelle et santé, n° 88, décembre 2015